Qu'est-ce que le traumatisme périnatal?

La période périnatale peut être traumatique pour toutes sortes de raisons. La recherche montre que les personnes touchées n’en parlent souvent pas à leurs proches ou aux professionnel-le-s, par honte. Elles se sentent seules. Ce vécu peut avoir des conséquences à long terme sur la santé maternelle, la relation entre la mère et l’enfant, le couple et le développement de l’enfant.

Devenir mère ou père est parfois une épreuve douloureuse. Un événement déstabilisant ou un vécu inattendu et incompréhensible transforment alors la maternité en une expérience psychologiquement traumatisante. Cela peut arriver pendant la grossesse, lors de l’accouchement ou durant la première année après la naissance. Cette réalité n’est pas exceptionnelle. Elle reste pourtant méconnue et sous-estimée

Tout le monde peut être concerné

Tout parent  peut vivre des moments difficiles: le dépistage d’une anomalie suivi d’une interruption de grossesse, une hospitalisation prolongée de la mère et/ou de l’enfant, un bébé mort-né, une naissance prématurée, un accouchement par césarienne en urgence ou encore la naissance d’un bébé handicapé. Nombreuses sont les personnes qui témoignent aussi de maltraitances de la part du personnel soignant (épisiotomie non-consentie, expression abdominale, manque de communication, humiliation, mépris…).

Il arrive aussi que des parents vivent la grossesse et/ou l'accouchement comme traumatisants, même si ceux-ci ne présentent pas de complications ou de risques particuliers du point vue médical. Leurs sentiments, leurs émotions sont à prendre au sérieux. C’est le vécu qui compte, l’expérience subjective qui fait la différence.

Durant la grossesse

Pour de nombreux couples, la grossesse est un moment très heureux et la naissance de l’enfant est attendue avec impatience. Toutefois, 20% des femmes souffrent d’anxiété prénatale, 15% de dépression. L’anxiété importante augmente le risque de complication à l’accouchement (nécessité d’une césarienne en urgence notamment).

Le choc est également intense pour les 15% de grossesses qui se terminent par une fausse couche ou une mort in utero. Un quart des mères concernées développent un syndrome de stress post-traumatique (voir ci-après) avec un risque élevé de souffrir de dépression.

Lors de l’accouchement

De nombreux parents se souviennent de la naissance de leur bébé comme d’un moment extraordinaire. Cependant un tiers des mères et des pères la vivent comme traumatisante. Ce choc émotionnel et ce désarroi provoquent parfois angoisses profondes, cauchemars, sensations de revivre la scène… Les souffrances psychologiques peuvent aussi être accompagnées d’une dépression du post-partum.

Selon la recherche, 1 à 6% des mères ou pères sont touchés par un syndrome de stress post-traumatique, suite à un accouchement. On dénombre environ 85 000 naissances par année en Suisse : dès lors, on comprend bien qu’il ne s’agit pas d’un phénomène marginal, mais d’un réel problème de santé publique.

Après l’accouchement

Il est fréquent que les mères rencontrent des troubles de l’humeur passagers quelques jours après l’accouchement. Ils sont liés au changement hormonal, mais ne se prolongent généralement pas au-delà de 3 à 4 semaines (on parle de baby blues).

Mais il arrive aussi que l’un ou les deux parents peinent à se remettre de leur vécu douloureux. Ils ont des pensées noires, des insomnies, des cauchemars récurrents… Ils sont confrontés à des images qu’ils repassent en boucle. Ils se sentent seuls et incompris. Ils ont un sentiment de solitude, de peur intense, d’impuissance. Ils évitent tout ce qui peut rappeler l’événement douloureux.

Ces parents éprouvent souvent des difficultés à s’occuper de leur enfant. Ils culpabilisent de ne pas être heureux. Ils se reprochent de ne pas vivre l’arrivée de leur bébé comme les autres. Leurs difficultés peuvent avoir des effets  à long terme sur le développement émotionnel, cognitif et social de l’enfant.

N'hésitons pas à en parler!

Il n’y a pas de honte à vivre de telles difficultés, ni à chercher du soutien ! Il ne faut pas hésiter à agir rapidement, à demander de l’aide.

Le soutien social — la famille, les ami-e-s, le réseau — peut partiellement protéger contre le stress post-traumatique, l’anxiété et la dépression. La présence, l’écoute sont importantes.

 

Le syndrome de stress post-traumatique

Il s’agit d’un ensemble de symptômes qu’une personne développe suite à un événement ou une situation durant laquelle il y a un risque de décès, de blessure grave, ou de violence sexuelle. Ce trouble se manifeste après un choc physique et/ou émotionnel vécu personnellement ou comme témoin direct. Ce peut être un accident, une agression, un diagnostic grave, une guerre, ou un accouchement. Par exemple, après une naissance prématurée, jusqu’à 35 % des mères et 25 % des pères présentent un syndrome de stress post-traumatique.